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INDIGNATION CONTRE LE PROCES ET SOUTIEN A HABIBA KOUIDER

Posté par soslibertes le 11 avril 2009

ALGERIE

Soheib BENCHEIKH (ex Muphti de Marseille) :

(Interview El watan du 29/05/2008)

« Il faut protéger ceux qui épousent d’autres religions »

Réagissant au procès intenté contre la jeune Habiba K., poursuivie par le tribunal de Tiaret pour « pratique sans autorisation d’un culte non musulman » et à la polémique autour de la campagne d’évangélisation en Algérie, le mufti de la mosquée de Marseille, Soheib Bencheikh, dans un entretien à El Watan, dénonce ce qu’il qualifie d’« atmosphère asphyxiante dont souffre la communauté chrétienne en Algérie ». En homme de culte, il appelle également au respect des autres religions pour « permettre aux musulmans de s’épanouir ». De la même manière qu’il recommande aux autorités chargées du culte en Algérie de mettre en conformité leurs discours avec les préceptes de l’Islam. Soheib Bencheikh souhaite, par ailleurs, que le président Bouteflika intervienne pour « apaiser cette atmosphère ».

Habiba K., une jeune femme algérienne, est poursuivie en justice pour pratique sans autorisation d’un culte non musulman. Quelle est votre réaction ?

Cette affaire est devenue internationale. On a l’impression que le mot christianisme est devenu une accusation. Les législateurs et les moralistes ne peuvent pas pénétrer la conscience des individus. Pratiquer le culte de son choix dans sa sphère privée (sa maison, son jardin…) échappe totalement à l’administration, et normalement cette dernière doit faire en sorte à ce qu’il y ait respect conformément à la Constitution, aux conventions internationales ratifiées par l’Algérie et aux Déclarations universelles des droits de l’homme, de la pratique des cultes. L’idée des frontières des religions qui s’identifient à des frontières des nations est complètement archaïque et obsolète. Tout un chacun est totalement libre d’épouser la philosophie ou la confession de son choix. Donc, non seulement cette affaire est injuste, elle est inefficace ; on ne peut pas forcer les consciences.

Puisque les lois de la République sont inspirées de la charia, est-ce que l’Islam interdit la pratique des autres cultes ?

Dans le fiqh (exégèse), qui est une œuvre humaine, il y a un hadith (un dit du Prophète) qui dit : « Celui qui change sa religion, tuez-le. » Mais le hadith ne peut pas abroger les dizaines de versets coraniques explicites. Deuxièmement, ce hadith s’explique par les circonstances de l’époque, lorsque les musulmans étaient affligés par une coalition intertribale. Donc changer sa religion était considéré comme une haute trahison. Ce hadith s’explique par l’atmosphère guerrière (c’était une situation de loyauté ou d’allégeance). Le Coran, qui est notre fierté, accorde la liberté religieuse la plus absolue (plusieurs versets coraniques parlent de cela). Le peu d’arguments que nous avons pour montrer qu’il y a une possibilité pour la résurrection de l’Islam et que tout n’est pas perdu, il ne faut pas le toucher. L’Algérie est une grande nation et dans toutes les grandes nations, les opinions philosophiques et confessionnelles peuvent cohabiter. En plus, c’est un bon signe de l’ouverture de ce pays. Pour mener un dialogue et s’enrichir mutuellement, il faut que l’autre existe. C’est l’autre qui m’enrichit, ce n’est pas mon semblable. Je deviens utile par ma banalité quotidienne pour l’autre et pas pour mon semblable. C’est pourquoi, j’ai dit que c’est injuste et inefficace. Injuste parce que le juge ne peut pas pénétrer les consciences, sauf s’il y a confusion avec l’hypocrisie pour avoir une religiosité de façade. Ce qui est le cas malheureusement de plusieurs sociétés musulmanes. Inefficace, puisque c’est contraire aux droits élémentaires de l’homme. Un droit garanti par la Constitution et par les Déclarations universelles des droits de l’homme.

Justement, est-ce qu’il ne faut pas faire adapter les textes législatifs à l’évolution mondiale en appliquant les principes de l’Islam que vous venez d’évoquer ?

 

C’est une régression ! La Constitution garantit les libertés des cultes, l’Algérie est signataire des Déclarations universelles des droits de l’homme qui consacrent explicitement la liberté d’opinion philosophique, politique et religieuse. Donc, c’est une contradiction avec nous-mêmes, doublée d’une démarche stérile qui fait fuir l’autre. Une religion sûre d’elle-même ne craint pas l’autre, ne craint pas la comparaison et la mise en cause. Sauf les religions qui ne sont pas sûres d’elles-mêmes qui se cultivent dans l’ombre et à l’abri de tout regard. Et ce n’est pas le cas de ma religion. Il faut respecter, au nom de la religion, le choix de ceux qui veulent épouser une autre confession. Ceux qui s’opposent à cela au nom de la tradition, de l’Islam, l’union de la nation… croient que ce pays vacille facilement et notre religion tremble à cause des conversions des uns et des autres. Si nous voulons vraiment montrer la solidité de nos principes et la force de nos convictions, nous ne devons pas craindre celui qui épouse une démarche contraire. Ce n’est pas seulement un simple avis d’un théologien, mais c’est un engagement personnel. J’incite les Algériens ayant un minimum de bon sens de foi musulmane à protéger ceux qui veulent épouser le christianisme ou toute autre religion. Les déclarations de l’Association des oulémas et celles du ministère des Affaires religieuses doivent être beaucoup plus cohérentes avec les principes de l’Islam. L’Islam qui a traduit les philosophies les plus semeuses de doute et qui a protégé le manichéisme, les religions dualistes, le christianisme et ses branches, le judaïsme… ne peut aujourd’hui tourner le dos à son histoire. Si Habiba veut se convertir au christianisme et l’autre trouve sa spiritualité dans la personne du Christ, je ne partage pas leur avis, mais je ferai tout pour qu’ils l’expriment.

L’Algérie connaît, depuis quelques mois, une vraie polémique autour d’une campagne dite d’évangélisation. L’Islam est-il vraiment menacé en Algérie ?


Nous sommes trop convaincus par notre vérité et nous sommes trop à l’aise dans nos certitudes. Il est anormal que nous, les musulmans, faisons tout pour vivre notre foi et notre culte dans la dignité totale et dans la beauté et la liberté dans les pays occidentaux, alors qu’en Algérie qui est le berceau du christianisme, on le craint. On ne peut protéger sa religion que dans un dialogue. Parce qu’on ne peut pas vérifier la véracité de nos certitudes qu’à travers l’affrontement. Sinon, on risque de vieillir et de se scléroser sans le savoir. La vivacité d’une religion se confirme quand elle est en contact avec lesdites vérités. Franchement, je ne vois pas où se trouve la menace. Au contraire, la menace réside dans cette atmosphère qui s’apparente à une nouvelle inquisition qui est dangereuse et pour l’Islam et pour les musulmans. Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de musulmans dans les pays non musulmans que dans les pays musulmans. Je m’adresse au président de la République qui est garant de la Constitution et qui est le seul qui puisse arbitrer dans cette affaire et apaiser cette atmosphère. On ne possède pas sa foi, et cette dernière n’est pas un choix et n’émane pas d’une activité cérébrale, mais ce sont des interrogations qui se soulèvent à l’intérieur de nous et malgré nous.

Madjid Makedhi

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Mustapha BOUCHACHI(Ligue algérienne de défense des Droits de l’Homme) :


« Les procès contre les convertis ont terni l’image de l’Algérie »

 

(…) Evoquant l’affaire Habiba K., Me Bouchachi regrette « le comportement de la justice qui a donné l’occasion à l’Occident de nous traiter de pays qui ne respecte pas ses engagements et qui ne tolère pas les autres religions ». « Les personnes qui ont agi de la sorte ont porté atteinte et fait aussi du mal à l’Islam », a regretté Me Bouchachi qui avoue que la position affichée envers cette affaire est contraire aux textes de loi qui garantissent les libertés.

Nabila Amir (El Watan du 07/06/2008)

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Boudjemâa GHECHIR (Ligue algérienne des Droits de l’Homme)

(E l Watan 22/05/2008)

“L’Islam reconnaît et respecte les autres religions”

“Ce cas est très grave. Il n’y a absolument aucun texte de loi qui exige une telle autorisation. La loi est claire et elle consacre la liberté de culte. Chaque personne a le droit de pratiquer la religion qui lui convient. De quel droit interdit-on aux gens de pratiquer une religion autre que musulmane ? Pour revenir au cas de la jeune Habiba, je pense que le fait d’avoir en sa possession des exemplaires de la Bible n’est pas un délit. Elle n’a pas été prise en flagrant délit. De plus, même l’Islam reconnaît et respecte les autres religions. Je ne vois pas pourquoi on recourt à des arsenaux juridiques qui, plus grave encore, sont mal interprétés pour faire respecter une religion ? Ce n’est pas de cette manière qu’on protège la religion musulmane. On ne peut pas interdire aux gens d’exercer une autre religion. Il y a un véritable amalgame et une incompréhension de la loi et de l’Islam”.

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Louisa HANNOUN (secrétaire générale du Parti des travailleurs)
(Liberté 07/06/2008)

« La campagne sur l’évangélisation est surdimensionnée »

“ Il ne faut pas confondre entre la pratique d’une autre religion et l’évangélisation “, a-t-elle expliqué. Elle précise que son parti s’est abstenu de voter sur l’ordonnance 2006 concernant la pratique du culte. Intérrogée sur l’affaire Habiba accusé d’évangélisation, la secrétaire du parti a déclaré : “ Selon les informations qui ont été rapportées par la presse, il n’ y a pas eu de preuve tangibles”.
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FRANCE

Rama Yade (secrétaire d’Etat au Droits de l’Homme)

“Triste” et “choquant”-

(Radio J – 25 mai 2008):

« C’est triste, c’est choquant, d’abord parce que cela contrevient à la déclaration universelle des droits de l’Homme. Conformément à l’article 18 de la déclaration universelle des droits de l’Homme et conformément à la tradition d’hospitalité de l’Algérie, je crois que ce serait bien d’avoir un geste de clémence ».

- A une question écrite du député (UMP) Christian Vanneste, la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme a répondu le 5 septembre 2008 :


« La France défend, en Algérie comme partout ailleurs, la liberté de culte et de conscience, inscrite dans l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pour sa part, la Constitution algérienne garantit, elle aussi, la liberté de culte. Historiquement, l’Algérie a toujours été une terre de tolérance pour les non-musulmans et, notamment, les chrétiens. L’action de l’émir Abdel Kader, qui a offert sa protection aux chrétiens de Damas, témoigne de cette ouverture. Plus récemment, l’Église catholique d’Algérie est demeurée aux côtés du peuple algérien pendant les années de terrorisme. Aujourd’hui même, au moment où certains chrétiens d’Algérie paraissent en butte à des difficultés, un débat public très vif a lieu en Algérie, notamment dans la presse, à l’occasion duquel beaucoup d’intervenants rappellent leur attachement à la liberté de culte et à la tradition d’ouverture du pays. Le ministère des affaires étrangères et européennes suit avec une grande attention la situation des chrétiens d’Algérie. Si l’exercice des cultes relève exclusivement des autorités algériennes, la France a toujours veillé à entretenir avec elles un dialogue régulier sur cette question. L’attention de nos interlocuteurs a ainsi été plusieurs fois appelée, y compris à haut niveau, sur le sort réservé aux chrétiens d’Algérie. Les services du ministère des affaires étrangères et européennes sont également en contact régulier avec les autorités ecclésiastiques, en France comme en Algérie. Les 21 et 22 juin 2008 le Premier ministre François Fillon a rencontré Mgr Teissier, ancien archevêque d’Alger, et a visité la basilique Notre-Dame-d’Afrique, qui symbolise justement la tradition de tolérance et d’ouverture dont l’histoire algérienne est empreinte. Il faut enfin souligner que le sort réservé aux chrétiens fait l’objet d’un débat au sein même de la société algérienne : le cas de Habiba Kouider, récemment inculpée pour prosélytisme, a ainsi suscité de nombreuses réactions dans la presse nationale algérienne. Au-delà de ce cas particulier, les autorités françaises continueront de suivre avec attention la situation de liberté de conscience et de cultes, en Algérie comme partout ailleurs. »

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FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme) :

(Communiqué du 28/05/2008)

Des chrétiens victimes d’une « chasse aux sorcières »

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime ses plus vives préoccupations alors qu’un procès vient de se dérouler à Tiaret en Algérie à l’encontre d’une Algérienne convertie au christianisme et accusée de « pratique sans autorisation d’un culte non musulman ». Habiba Kouider est passible d’une peine de trois ans de prison ferme. Le verdict qui devait être prononcé le 27 mai 2008, a été reporté pour complément d’information.
Habiba Kouider a été arrêtée le 29 mars 2008 par des gendarmes alors qu’elle était en possession d’une douzaine d’exemplaires de la bible. Selon les informations reçues, lors du procès qui a débuté le 20 mai, le procureur s’est également attaché à démontrer que la prévenue était coupable de prosélytisme, pratique interdite par l’ordonnance n°06-03 du 28 février 2006 dont l’article 11 criminalise le fait pour toute personne de tenter de convertir un musulman à une autre religion et de fabriquer, entreposer, ou distribuer des documents (…) qui « visent à ébranler la foi d’un musulman ».
La FIDH considère que l’accusation de « pratique sans autorisation d’un culte non musulman » et le procès intenté contre Habiba Kouider constituent une violation du droit à la liberté de religion garanti par l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l’Algérie en 1989, par l’article 36 de la Constitution algérienne qui garantit la liberté de conscience ainsi que par l’article 2 de l’ordonnance n°06-03 garantissant le libre exercice du culte.
La FIDH rappelle par ailleurs, l’observation de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction faite aux autorités algériennes suite à l’adoption de l’ordonnance n°06-03 et qui rappelle que le paragraphe 3 de l’article 18 du Pacte ne prévoit des restrictions « à la liberté de manifester sa religion » que dans des cas très exceptionnels et que donc «toute restriction généralisée imposée par l’Etat (par exemple par le biais de la loi) pour protéger la liberté de religion (…) d’autrui est à éviter ». La Rapporteuse spéciale a estimé par ailleurs, que les Etats devaient éviter d’adopter des lois criminalisant des actes conduisant à une conversion « abusive », notamment dans les cas où « ces lois seraient applicables même en l’absence de plainte du converti ».
La FIDH est d’autant plus préoccupée que cette poursuite judiciaire abusive, s’inscrit dans un contexte de répression accrue envers des représentants de la communauté chrétienne en Algérie. Ainsi, le même jour, le tribunal de Tiaret jugeait six algériens convertis au christianisme pour “diffusion de tracts visant à ébranler la foi des musulmans”, le parquet a requis deux ans de prison ferme à leur encontre. Le verdict est attendu le 3 juin. Plusieurs religieux se sont au cours des derniers vus refuser leur visa d’entrée en Algérie. Un prêtre a par ailleurs, été condamné à deux mois de prison avec sursis pour avoir prié au moment de la fête de Noël avec un groupe de clandestins subsahariens chrétiens.
La FIDH appelle les autorités algériennes à respecter et à garantir la liberté de religion conformément à sa constitution et à ses engagements internationaux et à amender l’ordonnance n°06-03 afin que son application ne permette plus des poursuites arbitraires à l’encontre de représentants des communautés religieuses non-musulmanes en Algérie.


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LDH (Ligue des Droits de l’Homme) :

(Communiqué du 26/05/2008)

Soutien aux voix algériennes

Ce mardi 27 mai, le tribunal de Tiaret va rendre son verdict contre une jeune femme convertie depuis quatre ans au christianisme pour pratiquer « un culte non musulman sans autorisation ». Sept autres membres de la communauté chrétienne de cette ville seront aussi jugés le même jour pour prosélytisme.
Cela fait déjà plusieurs mois que les minorités chrétiennes subissent une sorte de harcèlement. Le pasteur Hugh Johnson a été obligé de quitter l’Algérie alors qu’il y résidait depuis quarante-cinq ans. Deux instituteurs algériens convertis ont été radiés de l’enseignement. Un prêtre catholique français d’Oran a été condamné à de la prison avec sursis pour avoir organisé un culte avec des migrants subsahariens. Pourtant la constitution algérienne garantit la liberté de culte et de conscience.
La Ligue française des droits de l’Homme s’inquiète vivement de la situation que connaissent les minorités religieuses aujourd’hui en Algérie. Elle apporte son soutien aux voix algériennes, de journalistes et d’intellectuels qui ont lancé dès le 17 mars un appel à la tolérance et pour le respect des libertés.
La liberté de conscience, celle de croire comme celle de ne pas croire, font partie des droits fondamentaux indérogeables que protègent les conventions internationales auxquelles l’Algérie est partie. Aucune atteinte à ces libertés n’est tolérable d’où qu’elle advienne et quels qu’en soient les auteurs.

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Benjamin STORA (historien) :

(Médiapart du 06/06/2008)

“Signe d’espoir”

(…) Silence du Président de la République algérienne, crise de la réconciliation nationale et résurgence de violence venant d’une jeunesse amnésique, mal vivre de la population et difficultés économiques, toutes ces raisons peuvent, bien sûr, être évoquer. A quoi, il faut ajouter celle des libertés publiques. Car au moment même où se développaient les émeutes de la jeunesse à Oran, se déroulait un autre événement qui allait davantage retenir l’attention des médias internationaux : l’arrestation de Habiba Kouider, interpellée la veille des émeutes, le mardi 27 mai. Cette jeune femme a comparu devant un tribunal pour « prêche d’un culte non musulman sans autorisation ». Elle avait été arrêtée dans un autobus en possession d’une dizaine de bibles. Depuis Février 2006 l’exercice d’un culte est conditionné à l’obtention d’une autorisation en Algérie, et les persécutions de Chrétiens se sont multipliées.
A ce propos, et concernant ce dernier fait, il faut signaler le signe d’espoir qu’est « l’appel à la tolérance et aux respects des libertés », publié par un groupe d’intellectuels algériens. Cet appel a recueilli plus de 2500 signatures. Dépassant leurs divergences, ils ont dénoncé les violations des libertés démocratiques, réaffirmé le droit de chacun de pratiquer le culte de son choix, ou de ne pas pratiquer, proclamant ainsi cette farouche volonté de vivre ensemble, dans le respect de chacun. Des dizaines de personnalités maghrébines, françaises et européennes ont soutenu cette initiative faisant de Habiba un symbole de courage et de liberté.
Il y a plus qu’une coïncidence de date entre l’émeutes des jeunes d’Oran et le procès de Habiba Kouider, car dans les deux cas il en va de l’espérance de vivre dans une société plurielle, et pouvant donner, à tous, espoir dans l’avenir. L’émeute d’Oran nous dit que 20 ans après octobre 1988, la question des espérances démocratiques reste toujours à l’ordre du jour en Algérie.


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Gilbert COLLARD (avocat, barreau de Paris)

(France Soir du 31/05/2008)

Bible criminelle

Les douze rares lignes de l’AFP, douze comme les apôtres, ne me laissent pas indifférent.

Excusez-moi si je ne suis pas dans le ton des indignations répertoriées dans le catalogue des bons sentiments qui obligent à réagir et à manifester devant les caméras ; qu’y puis-je si le silence qui entoure le procès en Algérie d’une chrétienne convertie me fait horreur ?
Quelle que soit la religion en cause, comment peut-on accepter qu’un procureur requière une peine de prison ferme à l’encontre de six Algériens convertis au christianisme et qu’une jeune femme de 37 ans, Habiba Kouider, soit poursuivie pour cause de conversion à la même religion ?
Le choix de leur dieu m’importe peu. Ils pourraient se convertir à n’importe quelle croyance, prier Vichnou, adorer Abraham, vénérer le dalaï-lama, qu’on leur foute la paix !Quel pays devient l’Algérie qui s’assombrit, recouverte de la bourka, au point de réprimer l’amour pour Jésus, comme si c’était un crime.
Partout dans le monde des chrétiens sont persécutés : voilà revenu le temps béni des catacombes. Et nul ne s’indigne, si ce n’est modérément, des fois qu’on leur reprocherait de violer la neutralité laïque, qu’un Mélenchon de service à la sacristie socialiste soudain s’offusque de cette ingérence.
Aucune protestation des patentés protestataires contre ce pays ami, où les démocrates souffrent, où les journalistes trempent la plume dans la peur avant d’écrire, où les avocats se défendent de défendre, où l’intégrisme intègre, hélas il est le seul, s’installe comme chez lui dans sa folie médiévale.
Au côté de la jeune femme, cependant, il y avait une avocate courageuse, Me Khelloudja Khalfoun, seule, trop seule. On doit être avec elle. Elle défend aussi l’honneur de l’Algérie des libertés. Le procureur a requis trois ans de prison ferme le 20 mai contre la fragile chrétienne arrêtée fin mars en possession de bibles, des armes qui « ébranlent la foi des musulmans ».
Sous la pression de la presse francophone et des militants des droits de l’homme, le tribunal a ordonné « un complément d’information ». Mais, en même temps, des croyants, six, comparaissaient pour « distribution de tracts visant à ébranler la foi des musulmans ». Leur crime ? S’être réunis, faute d’église, au domicile de l’un d’entre eux, pour prier secrètement.
Lundi le parquet général de Tiaret a fondé les poursuites sur le fait que « les inculpés s’adonnaient à des rites chrétiens et étaient en possession d’évangiles ».
Cela se passe à une mer Méditerranée de nous…Et dire que l’on croyait l’Evangile ringard et inoffensif !
Dimanche j’irai à la messe pour témoigner dans l’universalité d’une prière mon admiration pour cette femme et ces hommes persécutés…Ce sera ma manif dominicale !

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Le Vatican

(Le Point.fr du 12/06/2008)

(…) Mais, pour le Vatican, les dangers d’une mauvaise compréhension de la Bible viennent aussi d’une lecture déconnectée de la foi religieuse, dans un contexte marqué par “le sécularisme consumériste”, le “relativisme”, “l’indifférence religieuse”. Il évoque également les “conflits douloureux” auxquels sont parfois confrontées “les minorités chrétiennes dans un milieu non chrétien à propos de l’emploi de la Bible”, allusion aux tracasseries dont font l’objet les petites communautés chrétiennes dans certains pays musulmans. Une chrétienne convertie, Habiba Kouider, est actuellement poursuivie par la justice algérienne pour “pratique illégale d’un culte non musulman” après avoir été interpellée en possession de plusieurs exemplaires de la Bible.

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