Chronique de l’intolérance ordinaire
Posté par soslibertes le 6 juin 2009
Police Islamique du Salut ?
En violation de la Constitution qui garantit la liberté de conscience, des policiers viennent encore une fois de confondre leur mission républicaine avec leurs fantasmes de Pasdarans, chargés de «pourchasser le vice et de promouvoir la vertu ». Cet article paru dans El Watan du 07/09/2009 nous rappelle que l’intolérance prend désormais un visage officiel.
Pour avoir « mangé » pendant la journée du ramadhan
Deux jeunes incarcérés puis remis en liberté
Djamila, jeune émigrée installée depuis peu en Algérie, et son cousin ont été incarcérés mardi dernier pour avoir « cassé » le Ramadhan. Après avoir été incarcérés à la prison d’El Harrach, les poursuites judiciaires ont été abandonnées suite à une intervention « d’en haut ».
Les faits remontent à mardi dernier. Ayant passé la journée à courir les rendez-vous professionnels pour l’ouverture prochaine de sa société, Djamila et son cousin se sont installés dans un parc, à l’abri des regards, pour se rafraîchir et s’alimenter. « Il y avait une chaleur atroce ce jour-là. Dans la mesure où nous devions faire des allers-retours quotidiens entre Alger et la Kabylie, où mes parents possèdent une maison, il fallait prendre des forces pour ne pas causer d’accident de voiture. Nous étions garés dans le parking attenant au parc de Ben Aknoun. Personne ne passe par là à 15h », nous a expliqué Djamila. A peine ont-ils ouvert leur sac que deux policiers en civil les ont accostés. A la vue des sandwichs, ils les ont questionnés sur leur religion. « Les deux flics nous ont proposé d’aller au poste de police pour une simple vérification d’identité sur ordinateur et nous les avons suivis », raconte Djamila. C’est au commissariat de Draria que le cauchemar a commencé pour Djamila et son cousin. Les policiers ont d’abord voulu prétendre que son cousin buvait de l’alcool dans le parking de Ben Aknoun. Puis ils les ont accusés d’être « amants ». « Ils ont interrogé mon cousin de façon très musclée sur le fait de ne pas jeûner », relate Djamila. Le commissaire de police leur a fait signer un PV en arabe où il était mentionné qu’« ils mangeaient sur la place publique devant des piétons ». Djamila, qui ne sait parler ni écrire l’arabe, a signé sans savoir de quoi il retournait, sur injonction des policiers. Après une visite médicale, les deux « non-jeûneurs » ont passé la nuit en garde à vue au commissariat. Mercredi matin, les deux cousins ont été menottés pour leur passage devant le procureur. « Dans la salle d’attente, les autres prévenus ne portaient pas de menottes. Nous avons été considérés comme de vrais criminels », rapporte Djamila. De catastrophe en catastrophe, le procureur a décidé de les transférer à la prison d’El Harrach.
Le motif invoqué pour leur incarcération a été le « dénigrement du dogme et des préceptes de l’Islam ». « Nous n’avions aucune idée de ce qui se passait. Dans la voiture de police, les flics n’ont pas voulu nous dire où ils nous emmenaient. Lorsque nous avons compris que nous étions en route vers El Harrach, nous avons appelé notre famille en toute hâte avant que les téléphones ne soient confisqués », confie notre interlocutrice. A la prison d’El Harrach, Djamila dormait à même le sol, car il n’y avait plus de lit disponible dans le dortoir des femmes. Au même moment, toute sa famille s’est impliquée pour faire libérer les deux prisonniers. L’affaire a connu son dénouement jeudi 3 septembre, tard dans la nuit, grâce à l’intervention de quelqu’un « haut placé ». La sœur de Djamila s’insurge contre « l’absurdité » d’une telle condamnation. « On savait que les libertés fondamentales étaient bafouées en Algérie. Oui le Ramadhan est un mois sacré. Oui, c’est un mois de jeûne pour les croyants. Mais il appartient à chacun de pratiquer sa foi selon ses convictions et sa conscience religieuses », dit-elle. Et d’ajouter : « Sommes-nous dans une soi-disant République démocratique et populaire. Ce serait alors une démocratie guidée par l’intransigeance. Pourquoi le fait de manger durant le Ramadhan serait-il un crime passible de prison au même titre que la dilapidation ou le détournement des deniers publics. » Selon l’avocat de Djamila, cette affaire n’aura pas de suite. L’épisode a été comme « effacé » des archives du commissariat de Draria. Djamila et son cousin, eux, se souviendront longtemps de leur mésaventure.
Par Amel B.
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Un livre suscite la colère des Oulémas
Un ouvrage écrit par le cheikh de la Tariqa Alawiya, Khaled Bentounès, suscite depuis quelques jours la controverse en Algérie. Intitulé, «Soufisme, l’héritage commun», l’ouvrage reproduit sur sa couverture, entre autres, l’étoile de David. Une représentation qui a provoqué la colère de l’Association des Oulémas musulmans et du Haut conseil islamique (HCI). Dans un communiqué de presse, le HCI a appelé Cheikh Bentounès à «ôter les images qui ont suscité la controverse où, à défaut, les masquer par quelque autre procédé». L’institution de Cheikh Bouamrane est allée plus loin en qualifiant d’étrange une thèse contenue dans l’ouvrage de Khaled Bentounès évoquant une unification de toutes les religions. «C’est là une thèse qui n’a aucun lien avec l’islam et qui ne peut être appliquée au vu des différends qui caractérisent les relations entre ces religions (…) l’islam prône le dialogue des religions de manière sereine et sur la base du respect mutuel et des spécificités de chaque religion», a relevé le HCI qui s’est élevé également contre l’entourage, dans le même livre, de la photographie de l’Emir Abdelkader, considéré comme le fondateur de l’Etat algérien, par l’étoile de David. « Cette étoile est devenue symbole du sionisme connu pour son hostilité envers l’islam », a ajouté le HCI. « Cette polémique ne devait pas avoir lieu et je ne cherche pas à porter atteinte à l’image du Prophète», a répondu Cheikh Bentounès en marge d’un colloque international sur le centenaire de la Tariqa Alawiya qui s’est tenu récemment à Mostaganem. Il a précisé que ces images sont en réalité «de vieilles iconographies qui existent partout». Si le ministère des Affaires Religieuses garde le silence sur cette polémique, il n’existe aucune décision d’interdiction ou de censure du livre en question. Il faut signaler que ce n’est pas le premier incident qui oppose le cheikh de cette tariqa à l’association des oulémas musulmans. Cette dernière a, depuis sa création en 1930, pris pour cible les zaouias, les traitant de facteurs négatifs de l’islam puis, après l’indépendance, de collaborateurs du colonialisme, oubliant par là que le ferment de la résistance à la colonisation venait précisément des zaouias. Leur réhabilitation récente sous Bouteflika et les missions de contribuer à l’émergence d’un islam plus tolérant dans notre pays semblent gêner les tenants d’un compromis qui ne dit pas son nom avec le salafisme dans sa version la plus radicale y compris. Simples escarmouches ou prélude à une guerre idéologique ? C’est à suivre.
Les Débats – 29 juillet 2009
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Nouvelle fatwa contre les Kabyles
Dans une nouvelle « FETWA », probable source de financement pour les groupes terroristes ; Abou Tourab demande à El Qaïda d’exiger le paiement d’une « Djizia » aux kabyles
Abou Tourab El Djazaïri demande l’exigence d’une « Djizia » sorte de tribut aux habitants de la région de kabylie. Dans sa dernière « fetwa », qu’il a nommée «Essarim, El Batir, âala rikab Naçara El Djazaïr » « Le tranchant, le coupant sur le coup des chrétiens d’Algérie », il précise qu’il est nécessaire d’obliger les habitants de Kabylie à payer un tribut « Djizia » puisqu’ils sont considérés comme chrétiens. Et d’ajouter : « Ce que je propose n’est pas dans le but de dénoncer ce que ces derniers font, mais pour vous informer que Dieu nous autorise d’exiger le tribut « djizia » de ces chrétiens et de leur interdire de montrer les signes de leur religions.
Abou Tourab tente de convaincre pour l’exigence de la djizia même si cela oblige à tuer, justifiant leurs christianité par l’existence de débit de boissons alcoolisées dans les régions de Bejaia.
Cette nouvelle fetwa est une source de financement pour les groupes terroristes, après le tarissement de toutes autres sources par les forces de sécurité, et après que les services de sécurité se sont rendu compte que les demandes de rançons exigées par les terroristes après la vague de kidnappings, se faisaient au préalable avec la complicité des familles des personnes kidnappées.
Selon toujours Abou Tourab, les habitants de la Kabylie ont été très influencés par le Christianisme et ont fuit l’Islam à cause de l’existence de nombreuses églises, ce qui autorise la demande de la Djizia à ces habitants puisqu’ils sont en terre d’Islam.
Dalila B. – An-Nahar – 14 Décembre, 2008
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Sétif : en raison de sa tenue vestimentaire
Une jeune étudiante menacée d’exclusion de l’université
L’intégrisme reprend du poil de la bête et réinvestit les campus universitaires censés être des lieux de savoir et de culture.
En effet, mercredi dernier, R. Ouafa, une étudiante, en première année de sciences et technologie à l’université Ferhat-Abbas de Sétif, a fait les frais du fondamentalisme islamiste et a été victime d’une décision arbitraire de la part de la direction de l’établissement qui a décidé de l’exclure pour le seul motif du port d’une tenue occidentale. Son père, R. Abdelhamid, attaché de recherche résidant à Aïn Ousséra dans la wilaya de Djelfa, dénonce avec véhémence ce zèle intégriste : “Ma fille s’habille à l’occidentale de manière propre et avec tout mon accord. Lorsqu’elle est entrée à l’amphithéâtre 8 pour passer son examen d’informatique, une surveillante H…, sœur musulmane extrémiste portant la djellaba, l’a obligée avec beaucoup de haine à changer de place pour la provoquer.” Dans l’altercation qui a suivi, la surveillante lui lança : “Tu ne dois pas porter cette tenue, tu es fâssiqa et moutabarridja !” Le professeur de la matière, qui est lui aussi un extrémiste affirmé, n’en demandait pas plus, saisissant l’occasion pour rédiger un rapport au directeur de l’université, où il réclame le renvoi pur et simple de l’étudiante. Le chef de l’établissement ne sera pas en reste dans cette affaire puisqu’il dira à la jeune Ouafa, et sans aucune forme de procès : “H… a tout à fait raison, tu dois porter la tenue musulmane. Je vais te passer en conseil de discipline et t’exclure !”
(Liberté – 06/06/2009)
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Alger : Un enfant de 6 ans jugé et condamné pour « dégradation des biens d’autrui »
La justice algérienne continue à s’illustrer à travers des comportements et des jugements qui défient tout entendement. Qu’on en juge : le tribunal de Sidi-M’hamed près la cour d’Alger a jugé et condamné par défaut un enfant âgé d’à peine 6 ans, le dénommé Bouabdallah Billal.
Dangereuse récidive d’une justice qui, en décembre dernier, à Ménéa, dans la wilaya de Ghardaïa, avait jugé en audience publique pour coups et blessures Guettaf Oussama, un bambin de 5 ans. Le tribunal de Sidi M’hamed à Alger vient, en effet, de prendre exemple sur le tribunal de Ménéa. Le dénommé Bouabdallah Billal, qu’il jugea par défaut et condamna à un blâme par jugement rendu le 2 mars 2009 sous le numéro de dossier 09/00020, ne bouclera ses 6 ans que le 25 mai prochain. Le petit Billal, qui est en classe préparatoire, a été jugé et condamné pour destruction de biens d’autrui. Son père, auquel le jugement a été signifié le lundi 20 avril, s’est rapproché hier du tribunal pour savoir de quoi il en retournait dans cette histoire à laquelle il a du mal à croire. Sur place, il s’est vu répliquer qu’il disposait d’une dizaine de jours pour pourvoir en cassation le jugement rendu. Ce qu’il fit. La cassation a été enregistrée sous le numéro 09/778. L’audience de ce procès en appel est programmée pour le lundi 4 mai 2009. Ce jour, le petit Billal devra, si la justice ne se ressaisisse entre-temps, se présenter à la barre et répondre en audience publique du chef d’inculpation retenu contre lui, à savoir destruction de biens d’autrui. Son père, qui s’est présenté hier à notre rédaction, n’en revenait pas. « J’ai du mal à imaginer mon fils qui n’a pas encore 6 ans se présenter à la barre et répondre aux questions du juge. Pensez au traumatisme qu’il subira le pauvre enfant ! », a-t-il lâché à la fois dépité et coléreux. La mésaventure du petit Billal commença en 2008. C’était un vendredi et le petit Billal se trouvait chez ses grands-parents à Ruisseau. Il se trouvait ce jour près de la voiture d’un voisin de ses grands-parents, qui avait fait l’objet d’une casse, fait du petit ou de quelqu’un d’autre. La police ramassa le petit Billal et le conduisit au commissariat. Là il s’est vu entendre sur PV. Sa grand-mère et son oncle maternel accoururent. Le PV était déjà rédigé. Son père qui réside au 1er-Mai à Alger, alerté, arriva un peu plus tard. Le policier qui établit le PV le rassura qu’aucune suite n’allait être donnée à cette affaire, d’autant que le voisin, propriétaire du véhicule endommagé, s’était lui aussi présenté et avait décidé de ne pas faire de déposition. Rassuré, le père est rentré chez lui. Il oublia cette histoire jusqu’au 20 avril dernier, lorsqu’il reçut la notification du jugement.
Sofiane Aït Iflis – Le Soir d’Algérie (23/04/2009)
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Ghardaïa : Un enfant de 5 ans condamné pour « coups et blessures »
La justice algérienne est-elle en train de toucher le fond au point de juger un enfant de 5 ans et de surcroît en audience publique ?
Le petit Guettaf Oussama, âgé d’à peine 5 ans, a été jugé lundi dernier par le tribunal correctionnel de Ménéa près la cour de Ghardaïa pour coups et blessures volontaires sur sa tante paternelle. Accompagné de ses parents et de son avocat, l’enfant, en dépit de son âge, a comparu en audience publique. Il ne comprenait absolument rien aux questions du juge sur la véracité ou non des faits qui lui sont reprochés. Il a éclaté en sanglots, suscitant la compassion des nombreuses personnes présentes à l’audience. L’enfant avait déjà subi une première torture. Celle d’être entendu par la police judiciaire et ce, après avoir été destinataire d’une convocation… à son nom. Interrogé par le correspondant local du journal Echourouk, l’avocat de Oussama n’a pas pu s’empêcher d’exprimer sa colère contre de telles violations du code de procédure pénale, notamment dans son volet relatif aux mineurs. « La loi est très claire à ce sujet. L’enfant ne peut comparaître en audience publique parce que le but n’est pas de le sanctionner mais de moraliser le comportement du mineur. Non seulement le législateur a imposé le huis clos pour les procès de mineurs, mais il doit prendre en compte le côté psychologique de ces derniers », a déclaré l’avocat.
Toutes ces dispositions ont été violées non seulement par la police, qui a entendu l’enfant avant de le présenter au parquet, mais également par le tribunal qui l’a jugé, comme un adulte, en audience publique. Le pauvre enfant n’avait d’autre défense que de se réfugier dans les sanglots. La cerise sur le gâteau a été le verdict rendu en fin de journée par le tribunal de Ménéa : un blâme et le paiement des frais de justice par les parents. Abattu, le père, Guettaf Hourri, a déclaré aux correspondants locaux que son fils « est traumatisé par cette affaire et ne comprend rien à ce qui lui arrive. Il est très affecté et se mure dans un silence inquiétant. Lorsque le juge a insisté pour le faire parler, il a éclaté en sanglots ». Contacté, le chargé de la communication de la Sûreté nationale a déclaré : « C’est le tuteur de l’enfant qui a été convoqué par la police judiciaire de Ménéa, sur instruction du parquet. Le procureur a demandé par la suite l’audition de l’enfant, mais elle ne pouvait se faire du fait que ce dernier ne parlait pas bien. Un rapport a été fait dans ce sens et transmis au parquet. » Y a-t-il pire pour un enfant et ses parents, que de subir un tel traumatisme ? Parce qu’il s’agit d’une grave dérive liée à la violation des droits consacrés des enfants, dans un pays qui a l’obligation (en vertu de nombreuses conventions) de les protéger.
Par Salima Tlemçani (El Watan – 17/12/2008)
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Alger : condamnés pour avoir fumé discrètement durant le ramadhan
La Cour d’Alger rend son verdict dans l’affaire des 4 jeunes accusés d’« atteinte à l’Islam» : trois peines de prison avec sursis et une relaxe
Condamnés en première instance le 30 septembre à 3 ans d’emprisonnement et à 100 000 DA d’amende, ils ont été libérés hier soir du pénitencier d’El Harrach (Alger), après 58 jours de détention. La cour d’Alger a rendu, au cours de la journée, son verdict dans le procès en appel opposant le ministère public aux 4 prévenus. Un verdict qualifié par l’un des avocats de la défense d’« indulgent », contrairement à celui rendu par le tribunal de Bir Mourad Raïs. Celui-ci a prononcé l’une des peines les plus lourdes prévues par l’article 144 bis (alinéa 2) du code pénal qui punit toute personne coupable d’atteinte à l’Islam d’une peine de 3 à 5 ans ferme et de 50 000 à 100 000 DA d’amende. La présidente de la 5e chambre correctionnelle, Mme Bouamrane, désavoue le tribunal de Bir Mourad Raïs et prononce la relaxe pour S. Saïd (22 ans) et condamne les trois autres, Mustapha T., Farid M. et Hocine T. (le plus âgé a 25 ans) à deux mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 1000 DA. « Ce verdict consacre la victoire du droit », déclare euphorique l’avocat Iddir Mohamed du barreau de Tizi Ouzou. Rappelons que les accusés ont été arrêtés le 21 septembre dernier sur l’avenue Littoral dans le quartier « chic » de Hydra, sur les hauteurs d’Alger, alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre leur lieu de travail. Les tâcherons ont été surpris par une patrouille de police en train de… griller une cigarette en plein Ramadhan, mois de jeûne musulman. Ils ont été déférés, sous la procédure du flagrant délit, devant le parquet. Une semaine plus tard, le 30 septembre, sans l’assistance d’un avocat, ils sont condamnés au bagne.
Dans un communiqué rendu public, le collectif SOS Libertés, initiateur en mars 2008 de l’appel à la tolérance et au respect des libertés, qui a rassemblé plus de 2500 signataires, s’insurge contre « les dérives policières et les procès d’opinion qui piétinent la légalité républicaine pour imposer l’ordre moral d’un autre âge » et réaffirme sa « solidarité avec toutes les victimes de l’arbitraire d’une justice sous influence ». « Alors que l’humanité s’apprête à célébrer, le 10 décembre prochain, le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’Algérie se distingue une fois de plus par l’intolérance et l’extrémisme officiel visant à régenter les convictions du citoyen », lit-on dans déclaration du collectif, qui dénonce « un procès en sorcellerie dicté par des considérations extrajudiciaires » et qui « constitue un outrage intolérable à la liberté de conscience (et) viole les principes fondamentaux du droit, les conventions internationales ratifiées par l’Algérie et les lois de la République ». Le collectif SOS Libertés appelle les partisans des libertés et des droits de l’homme à « la vigilance citoyenne pour établir la primauté du droit et résister ainsi aux menaces de l’intolérance, de l’archaïsme et de la régression ».
Par Mohand Aziri – El Watan (19/11/2008)
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Biskra: Une femme condamnée à 10 ans ferme pour « atteinte au Coran »
La cour de Biskra examinera aujourd’hui le cas d’une femme condamnée, il y a un mois, à 10 ans de prison ferme par le tribunal de première instance pour avoir porté atteinte au Coran. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a requis la confirmation de la peine en application de l’article 160 section 4, stipulant que « toute profanation ou dégradation du Livre Saint est punie de 5 à 10 ans de prison ». Condamnée à 10 ans de prison ferme lors du précédent procès qui s’est déroulé en septembre dernier, sans que l’accusée ne puisse bénéficier de l’assistance d’un avocat, la mise en cause, qui purge une peine d’emprisonnement dans un établissement pénitentiaire de Biskra pour une affaire civile indépendante de celle-ci, a été défendue par maître Houda Talha.
Samia Smeta, 26 ans, détenue à la prison de Biskra où elle purge une peine de droit civil, a été jugée en septembre dernier sur la base du témoignage de deux codétenues qui l’ont vue, selon leurs déclarations, en train de profaner et de déchirer une copie du Coran. L’article 160 du code pénal, dans sa section 4 intitulée Profanation et dégradation, stipule : « Est puni d’un emprisonnement de 5 à 10 ans quiconque volontairement et publiquement détruit, mutile, dégrade ou profane le Livre Sacré. »
Il s’agit d’un amendement introduit en 1982 suite à des actes similaires présumés, enregistrés lors des événements qui ont secoué Tizi Ouzou en avril 1980. Une première, selon un spécialiste en droit criminel, qui affirme que la sévérité du tribunal est sans précédent. Le juge – celui-là même qui a condamné six personnes pour n’avoir pas observé le jeûne à Biskra – a prononcé, en effet, la peine maximale sans accorder les circonstances atténuantes, sachant que le témoignage des détenues n’est pas considéré comme preuve de première fiabilité et sachant aussi que la prévenue n’est pas une récidiviste en la matière. Ce n’est pas la personne humaine, mais le délit qui a été pris en compte, ajoute notre interlocuteur, qui déclare que « le rôle de la justice ne peut pas se résumer à être un distributeur automatique de peines ». Plus grave, Samia Smeta a été jugée sans avoir été défendue par un avocat. Un fait qui interpelle sur le rôle du bâtonnat de Batna auquel appartient la région de Biskra et renseigne sur le fait qu’il existe encore des Algériens incapables de jouir de leur droit à la défense. Notre interlocuteur attire en outre l’attention sur l’idée que l’article 160 du code pénal parle de « livre sacré » sans préciser s’il s’agit du Coran ou des autres livres des religions monothéistes, ou de tous à la fois.
Par: Nouri Nesrouche – El Watan (21/10/2008)
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Biskra : Six personnes condamnées pour non-respect du Ramadhan
Six individus ont été condamnés par le tribunal de première instance près la cour de Biskra à quatre ans de prison ferme assortis de 100 000 DA d’amende chacun pour « non-respect d’un fondement de l’Islam, le Ramadhan », selon le chef d’inculpation retenu par le juge. C’était la veille de l’Aïd, dimanche 29 septembre.
Si la chose passe inaperçue chez la plupart des Biskris et fait même l’objet d’un consentement en ce qu’elle représente l’occasion de donner l’exemple et de redresser le tort causé aux sentiments religieux de la population, des points de vue juridique et politique, elle risque de constituer une autre violation des droits de l’homme qui vient ajouter une louche à la campagne de moralisation culminant après l’affaire Habiba K., de Tiaret, et la levée de boucliers contre une soi-disant campagne d’évangélisation qui viserait l’Algérie.Selon la version officielle, 27 personnes, dont 2 mineures, ont été surprises et ensuite arrêtées dix jours auparavant par la police au jardin public Djenane El Beylek en train de manger pendant la journée.
Tous ont reconnu les faits avant d’être obligés de signer des décharges exprimant leurs regrets, après quoi ils ont été relâchés. Six autres individus, âgés entre 30 et 50 ans, ont été arrêtés en flagrant délit le même jour, en train de jouer aux cartes et en possession de denrées alimentaires qu’ils consommaient en plein jour et en plein centre-ville, dans un coin, près du cercle du club de football de l’US Biskra. Pour le citoyen lambda, c’est un sacrilège puisque le musulman n’est pas censé manger avant la rupture du jeûne prévue chaque jour du Ramadhan à l’appel de la prière du maghreb. En revanche, compte tenu de la constitution algérienne et de la loi qui en découle, il n’est mentionné nulle part que les citoyens « confondus » dans pareille situation doivent subir des peines.
Selon un spécialiste du droit algérien, l’acte pour lequel ces personnes ont été condamnées ne tombe sous la force d’aucune qualification pénale. Il s’agit d’une première dans les annales judiciaires, affirme-t-il, sachant que la constitution, notamment dans son article 36, garantit la liberté de conscience et la liberté d’opinion. « Le seul cas où des actes pareils sont incriminés a été introduit dans le Code pénal à travers les amendements d’Ahmed Ouyahia en 2001 et concerne exclusivement l’acte journalistique », ajoute notre source. Il s’agit de l’article 144 bis2 qui, sous l’intitulé « Outrage et violence contre les fonctionnaires et les institutions de l’Etat », stipule : « Est puni d’un emprisonnement de 3 à 5 ans et d’une amende de 50 000 DA à 100 000 DA quiconque offensera le prophète ou l’un des envoyés de Dieu ou dénigre les dogmes ou les préceptes de l’Islam, que ce soit par voie d’écrit ou de dessin, de déclaration ou tout autre moyen. Les poursuites sont engagées d’office par le ministère public. » A partir de là, c’est la qualification même du délit qui a été faussée au départ. Le fait de ne pas jeûner n’est pas reconnu comme crime ou délit par le législateur algérien, ajoute notre source, bien plus que cela, la loi divine elle-même ne prévoit pas de pénalité sévère et même le régime des taliban n’est pas aussi strict. Me Boudjemaa Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), considère de son côté que « l’interprétation du juge de l’esprit de l’article 144 bis2 n’est pas juste ». Et d’ajouter : « Ces personnes ont été condamnées pour s’être moquées d’un précepte de l’Islam, alors que rien ne prouve qu’il s’agissait de moquerie ». »
Par M. Nadjah – El Watan (06/10/2008)
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